Renaud de Vichiers, Grand Maître de l’Ordre du Temple, avait établi avec le roi de France Louis IX, des liens empreints d’admiration, ce qui n’excluaient pas des moments de tension et de désaccord sur les orientations de sa politique extérieure en Terre sainte.
Alors Maréchal de l’Ordre, la candidature de Renaud de Vichiers à la grande maîtrise avait été appuyée par Louis IX, suite à un fait d’armes à la bataille de Mansourah en 1249. Après la captivité de Louis IX, celui-ci le fit parrain de son fils Jean Tristan et tous deux oeuvrèrent à renforcer l’implantation de ce qui restait du royaume franc, à partir de la ville de Saint Jean d’Acre, de 1250 à 1254.
Saint Louis, dans sa politique extérieure, cherchait un rapprochement avec les Mamelouks d’Egypte contre les Sarrasins. De leur côté, les templiers conservèrent leurs relations diplomatiques avec l’émir de Damas, comme ils l’avaient toujours fait, sans en référer au roi, du fait qu’ils dépendaient de l’autorité papale. Renaud de Vichiers envoya le maréchal de Temple négocier un accord à propos d’une terre, ce qui suscita la colère du roi quand il l’apprit. Il exigea du Grand Maître qu’il renonça à cet accord et l’humilia en public (1).
Au cours de cette vie antérieure de Renaud de Vichiers, j’ai mal vécu cette manifestation d’autorité ostentatoire que je trouvais injuste et qui a jeté un discrédit sur ma fonction. Je m’en confiais à l’être galactique Igor, lui demandant de me mettre en lien avec celui qui fut Saint Louis à cette époque :
– ( voix forte et d’un ton affirmé empreint d’autorité, un autre être prend la parole au travers de la channel ) Maintenant, ton cœur est prêt et je viens quelques instants. Tu t’es senti trahi et moi aussi. Nous n’avions pas et je n’avais pas non plus conscience de tout, comme l’expliquait le frère, de multiples pressions, de multiples pièges, trahisons, de multiples intrigues. J’ai cherché à faire ce qui me paraissait juste. J’ai cherché à offrir à ce pays, à d’autres, une certaine ouverture, un élan et à brandir l’étendard en quelque sorte, une foi pure. Moi aussi, je me suis laissé tromper et chacun d’entre nous l’a regretté.
Ne reste pas mon frère, que je puis maintenant appeler ainsi, dans ces blessures. Je ne suis plus qui j’étais. Je sais que tu vas me demander qui je suis maintenant, peu importe. J’ai aussi grandi, je grandirai encore comme nous grandissons tous. Tu as voulu m’entendre, je ne puis rester bien longtemps. Ne conserve en ton cœur que l’amour qui a été donné en un temps, honneur gardé et bien posé. Honore-toi maintenant.
Les choses sont passées et pourtant aujourd’hui, elles reviennent encore, non pas individuellement mais collectivement et chacun d’entre vous doit ouvrir le cœur, non pas pour approuver mais pour comprendre. Comme tu le sais, ce que nous avons fait, n’était pas juste entièrement. Il est vrai que j’aurais souhaité à l’époque être au courant mais l’on n’est pas toujours non plus, mon frère, bien conseillé.
– Est-ce que ce traité de paix que j’avais réussi à obtenir avec l’émir de Damas n’était pas une opportunité ?
– C’est vrai, je n’ai pas su la prendre. Ce n’est pas à toi que tu dois en vouloir, ce fut à moi. En mon corps, en mon esprit, comme le dirait le frère, je l’ai payé. La charge royale n’est pas si royale que cela. Les fanatiques en tous genres existaient et quelqu’un, peu importe qui, a murmuré l’inverse. Un piège a été tendu et je suis tombé dedans. C’est ainsi.
– C’est ce que je voulais t’entendre dire car je pense que nous avons raté une occasion de vivre en paix avec les musulmans et de profiter des échanges culturels entre ces deux civilisations, dans ce qu’elles avaient de meilleur.
– Le jour viendra de la réunion réelle. Il fallait que, il faut encre que les choses évoluent. Aujourd’hui, ce que vous vivez, car je ne suis pas actuellement en incarnation, c’est le retour. Continuez, continue mon frère, comme le disait la Mère, à prier, à passer par elle pour aller vers Lui. J’aurais dû faire davantage de même, mais en ce temps-là, ce n’était pas l’habitude. Que ton âme s’apaise ». ( Extraits de mon livre A l’horizon la terre promise, Paris, Spinelle, 2019 ).
- « Et le maître du Temple vint là et tous les religieux ( les templiers), pieds nus, à travers le camp (…). Le roi fit asseoir le maître du Temple devant lui, ainsi que l’envoyé du sultan et le roi dit tout haut au maître : « Maître, vous direz à l’envoyé du sultan que vous regrettez d’avoir fait une quelconque trêve avec celui-ci sans m’en parler ; et puisque vous ne m’en aviez pas parlé, que vous le tenez quitte de tout ce qu’il vous a promis et que vous lui rendez toutes ces conventions ». ( Ce que fit le maître). Et alors le roi dit au maître de se lever et de faire lever tous ses frères : « Maintenant agenouillez-vous, dit le roi et faites-moi amende de ce que vous êtes allé contre ma volonté ». ( Joinville, Vie de Saint Louis, op.cit, 511-513, pp. 252-255, cité dans Demurger A. , Les templiers, ibid, p. 358.